[f° 76. Le cachet Gatine apposé sur la feuille 76 n’est pas rempli, mais un morceau de feuille du même papier est collé sur celle-ci et porte la cote 150/48. Papier et disposition du manuscrit.]

 

[Le texte, commençant en cours de phrase, ne se raccorde grammaticalement à aucun autre du reliquat ou du manuscrit ; mais, pour le sens, il prend la suite du f° 75]

l’ile, et où ont couché saint Patrick, saint Abon, saint Brendan, saint Colomban, sainte Catherine et sainte Brigitte ; saint Patrick dans le plus grand, saint Abon dans le plus petit. Les comprachicos, fort dévots à saint Patrick, ["ne venaient" barré en correction cursive] qui a fait le trou communiquant au purgatoire, ne venaient jamais dans cette île plus de onze ["personnes" barré] à la fois ; cinq s'asseyaient sur les cinq tas de pierre qui couvrent les tombeaux à la pointe nord de l'île ["à la pointe...": ajouté] ; et six dans la grotte où était le trou, laquelle ne contenait que six hommes, pas un debout. C'est à cause de cette grotte que les irlandais appellent cette île Ellan-u-Frugadory, ce qui veut dire Ile du Purgatoire. Il s'y passait les mêmes choses que dans l'antre de Trophonius, ce qui prouve que les cavernes sont de toutes les religions.

[changement d'écriture] Tant que règnèrent les Stuarts les comprachicos furent à peu près protégés. Comme nous l'avons indiqué, ils n'étaient pas inutiles à Jacques II. Jacques II fit sur certaines familles gênantes un travail ["d'élimination" barré]. Il arrêtait court une filiation. [phrase ajoutée] Il supprimait les héritiers en bas âge. Les comprachicos l'y aidaient. Ils étaient acheteurs de la denrée humaine dont le roi était marchand. Ils excellaient dans les disparitions. Ce qu'ils touchaients perdait sa + [effacé sous la croix qui barre ce paragraphe] Défigurer vaut mieux que tuer. Ils démarquaient un enfant comme on démarque un mouchoir. [en addition, une phrase ou un membre de phrase effacé sous la biffure en croix] [début du paragraphe et formule finale employés en 0, 2, 4, f° 24-25] En outre, ils étaient la plupart bons catholiques. Ils fournissaient des chanteurs au Saint-Père. Ils étaient utiles au miserere d'Allegri. Ils étaient particulièrement dévots à Marie. Tout ceci plaisait au papisme des Stuarts. Jacques II ne pouvait être [corrige "n'était point"] hostile à ces hommes religieux qui poussaient la dévotion à la vierge jusqu'à fabriquer des eunuques.

En 1688, il y eut une révolution en Angleterre.

[Ces deux paragraphes sont encadrés d'un trait et rayés d'une croix; ils sont réécrits, dans une addition, en 0, 2, 6, f° 29]

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[morceau de papier rapporté, collé à la feuille précédente; écriture différente]

1789 est une telle date pour le genre humain [corrige "le monde"] que 1688 est effacé [corrige "a disparu"] . C'est pourtant là une époque aussi. C'est l'acte de virilité de l'Angleterre éclipsé [en sc. sur "effacé"], cent ans plus tard, par l'acte d'héroïsme de la France. Chasser le papisme est quelque chose; briser le despotisme [variante: "la royauté"] est mieux. De là la prédominance de 1789 sur 1688. Deux années libératrices; l'une d'une île, l'autre du monde.

Les anglais se satisfont d'un glissement à mi-côte; les français point. Ce n'est pas que les anglais n'aillent dans l'occasion ["dans l'occasion" ajouté], eux aussi, jusqu'à l'extrémité de la logique; mais ils en reviennent. Les français y restent. Une singularité de ces deux peuples, c'est que l'Angleterre essaie avant la France ce qui sera l'histoire. [corrige point-virgule] L'Angleterre a eu avant nous Louis XV, qu'elle appelle Charles II; l'identité est elle que Charles II, roi d'Angleterre, reçoit [variante "recevait"] une pension du roi de France, et que Louis XV, roi de France, reçoit [variante "recevait"] une pension du roi d'Angleterre. L'Angleterre a eu avant nous un janvier régicide, elle le 30, nous le 21; l'Angleterre a eu avant nous, en moindre format, Robespierre, Danton et Bonaparte incarnés en un seul homme, Cromwell. Les français veulent une révolution complète; les anglais préfèrent un tremblement de terre correct. Aussi l'Angleterre date-t-elle de 1688, et la France de 1789.